Ce qu’il y a de merveilleux dans la découverte d’un nouveau tableau, ce sont les détails. Ce sont ces secrets souvent invisibles de prime abord, bien cachés sous la crasse du temps, dissimulés derrière un vernis opaque et noirci, soustraits au regard par une déchirure, ou masqués par une déformation.
Nos yeux aguerris de restaurateurs devraient être habitués à les repérer immédiatement, à les traquer inlassablement, et à les évaluer froidement…
Et pourtant… pourtant quelle joie de se laisser surprendre, émerveiller, amadouer par la carnation subtile d’un sein soudain découvert, par le frottement aguicheur d’un jupon qu’on relève discrètement, par la texture du cuir d’une cravache délicatement ouvragée et le sourire invitant d’une femme au sommet de la sensualité.
Ce sont les cadeaux qui nous ont été faits lors de la restauration de ce tableau-ci, petit à petit, à coups de coton et de patience, tous ces petits détails qui se sont révélés pour étoffer, approfondir et nuancer le portrait de cette femme d’un autre temps, dont rien ne subsiste aujourd’hui, si ce n’est cette empreinte d’huile et de pigments, souvenir fugace d’une fraîcheur dont le parfum léger nous parvient encore.