Une reine, trois dragons, cela vous évoque quelque chose ?
Nulle mention de trône de fer ici, c’est vers les Cieux éternels que nous invitent les Saints personnages ornant les murs de l’église abbatiale royale de L’Absie (79).
Nous venons de les restaurer, ils ont environ 500 ans et ils font face à… trois dragons.
L’image n’est pas très claire mais c’est Sainte Marguerite qui ouvre le bal lorsqu’on entre dans l’église. Vous la devinez à gauche du dragon, brandissant vers lui le crucifix avec lequel elle vient de lui percer le ventre pour s’en dégager. Un phylactère sous l’animal mis à mal le décrit comme : “Le dragon râlant”. Il y a peut être de quoi il faut dire…
Suit l’une des représentations les plus célèbres de L’Absie (notamment parce que l’une des seules mises à jour jusqu’à maintenant) :
“Saint Michel terrassant le dragon”
Vous pouvez voir ce dernier lever un regard pathétique vers Saint Michel, toutes ailes déployées, qui le tient fermement par les cheveux tout en le transperçant de sa lance, un pied posé sur ses reins pour l’immobiliser.
Le dernier, et non le moindre, est Saint Georges, qui s’élance sur son valeureux destrier pour sauver une belle princesse (dissimulée par l’échafaudage). Le dragon est à terre et avale la lance de Saint Georges qui le transperce de part en part.
Maintenant pourquoi tous ces dragons ? Nous sommes au XVIe siècle et l’apprentissage de la Bible se fait principalement par les images puisque non seulement la messe est en latin, mais les paroissiens ne savent de plus pas forcément lire.
Les dragons représentent symboliquement le mal, le diable, la tentation. Les montrer abattus par des Saints a donc un sens clair.
Notons cependant une petite évolution à mesure que nous avançons dans la nef : si les deux premiers dragons se font en effet terrasser, le troisième, transpercé par Saint Georges, ne meurt pas dans la légende.
Il survit, car il se repentit. Et comme symbole de sa repentance, il se métamorphose en chien fidèle qui accompagnera et protégera la princesse toute sa vie.
Il y a donc de l’espoir, de l’espoir de pardon et de transformation, et ce à mesure que nous nous rapprochons du chœur…
Cette restauration a été réalisée au sein de l’atelier Moulinier