La restauration de la carte des Chemins de Fer du Midi qui orne le Hall 1 de la Gare Saint Jean s’est achevée après quatre mois de travaux minutieux et stimulants.
Pour cette intervention, nous avons relevé de nombreux défis dus à la nature même de la peinture. Datant de 1928, il s’agit en effet d’une des premières peintures industrielles restaurées, dont nous connaissons encore peu les compositions ainsi que la stabilité dans le temps.
Après presque un siècle de circulation des trains ainsi que les grands travaux entrepris dans la gare et sur la verrière ces dernières années, l’état de la peinture s’était dramatiquement dégradé (en partie à cause des vibrations du bâtiment), et présentait une perte d’adhérence généralisée. La carte, déjà lacunaire, risquait de nouvelles pertes de matière.
Toute une phase de nettoyage et de consolidation d’urgence a donc été entreprise.
Mais, outre la difficulté technique, la restauration de la carte a aussi posé de nombreuses questions déontologiques. Il s’agit en effet d’un témoin inestimable d’une époque révolue, ainsi que des changements survenus au fil du siècle dernier sur le réseau du grand Sud-Ouest, mais plus encore sur notre mode de vie. Des lignes ont été supprimées, ajoutées, modifiées ou déviées suivant les besoins des touristes, des exportateurs de vins, des agriculteurs ou encore selon la demande en énergie des réseaux eux-mêmes. Que faisions-nous alors de toutes ces traces successives qui, parfois, créaient aujourd’hui une grande confusion visuelle ?
Pour chaque cas, un grand dialogue s’est instauré entre les restaurateurs, la conservatrice de la DRAC et les interlocuteurs de la SNCF dévoués au projet. Cette interaction interdisciplinaire constante a permis d’essayer ensemble de respecter au mieux l’esprit historique de cette oeuvre ainsi que sa lisibilité.
L’inauguration en présence de la direction de la SNCF, de l’adjointe au Maire de Bordeaux, de la DRAC, des restaurateurs ainsi que de la sénatrice de la Gironde a eu lieu le vendredi 7 Février.
Ce fut l’occasion de se retrouver, et d’admirer ensemble le fruit d’un travail unique et collectif.
Cette restauration s’est faite au sein de l’atelier Arcoa