A l’heure où le monde se dresse enfin contre les “féminicides”, c’est Béatrice Cenci, la belle parricide du XVIe siècle, exécutée pour s’être dressée face à la violence de son père, qui a fait son apparition à l’atelier…
Toute de blanc vêtue, elle se tient dans sa cellule à l’aube du jour de son exécution. Le Pape a refusé de lui accorder la grâce, bien qu’elle ait tenté à plusieurs reprises d’alerter les autorités papales des agressions répétées de son père sur sa mère, son frère, et elle-même. Tous trois seront condamnés pour le meurtre de leur agresseur.
Dans un coin de la prison, Guido Reni, l’un des plus grand peintre de son époque, capte dans un dernier instant un portrait de Béatrice, que sa grâce et sa beauté rendront célèbre.
Deux siècles plus tard, c’est Tommaso de Vivo, maître de l’académie de peinture de Naples, qui s’emparera du sujet pour lui rendre un hommage émouvant. Ce tableau est reconnu comme l’un de ses chef-d’œuvres et probablement la première oeuvre lui ayant permis de se démarquer.
Difficile d’apprécier les détails délicats et la finesse d’exécution à leur juste valeur quand l’oeuvre est arrivée tant le vernis oxydé et l’encrassement assombrissaient la scène. C’est au fil du nettoyage et du dévernissage que la grâce et la lumière ont pu faire leur retour dans ce coin oublié d’une prison italienne.
L’oeuvre a été entièrement démontée, consolidée et ré-aplanie. Un réseau important de craquelures recouvrait l’ensemble des 4m² de la scène, qui a nécessité de nombreuses heures de retouche. Ce fut un travail particulièrement prenant et savoureux de plonger, millimètre après millimètre, dans l’histoire de Béatrice Cenci, dans sa délicatesse, sa douceur et sa fragilité, rehaussées et sublimées par le pinceau et le talent de Tommaso de Vivo.